Témoignage: ‘‘Nous avons perdu notre fils. Nous avons sauvé une autre vie.’’

Témoignage: ‘‘Nous avons perdu notre fils. Nous avons sauvé une autre vie.’’

Bamako-Brazzaville, 5 Mars 2015 - ‘’Lenfant est un don de Dieu. Mon fils est mort pour Dieu’’. Assis dans son salon où certains membres de la famille et des amis l’ont rejoint, Mohamed Diarra se souvient de Salif, son fils. ‘’Mon fils est mort de la maladie à Virus Ebola. La souffrance que j’éprouve est immense. Il est mort à la fleur de l’âge. Il est mort en soignant un malade venu de Guinée.’’

‘’Notre fils est mort pour une cause juste, raconte Issa Diarra, le frère de Mohamed. Nous avons ete impliqués dans les funérailles mais son corps a été gardé le temps que nous trouvions une tombe dont la fosse aurait une profondeur de deux mètres. Le centre de traitement nous l’a recommandé. Nous en avons trouvé une. Notre fils repose à Hamdalaye.’’

Deux mois après le décès de Salif, la douleur est toujours aussi vive chez les Diarra. Sa fiancée, qui a été également contaminée par le virus Ebola, a survécu. Les mots lui viennent difficilement. Ses larmes et son deuil, survenus trop tôt, résument l’immensité de son chagrin. SIRA n’a que 24 ans.

‘’Des que Salif est tombé malade, nous l’avons emmené à l’hôpital où il a été mis en isolation, explique son père. Nous allions le voir régulièrement. Nous devions porter des habits de protection individuelle pour éviter la contamination. Les agents de santé avaient peur. Nous lui avons donné tous les soins dont il avait besoin jusqu’à la fin, c’était un mardi, il était 17h45.’’

La famille Diarra a été soutenue par des amis, et des collègues de Salif. ‘’J’ai été très choqué par la maladie et le décès de Salif. Il était très gentil, très sage et très courageux, souligne son ami Drissa Bouare, qui a travaillé avec lui pendant 4 ans. J’ai sensibilisé sa famille, des amis, des commerçants et des chauffeurs qui sont venus le voir avant son hospitalisation. Ebola est une maladie très grave. Quand on arrive à sensibiliser les gens, quand on se maîtrise, le reste est à facile. On a commencé par la sensibilisation sur l’hygiène’’.

‘’Quand Sira est tombée malade, j’ai dit au papa de Salif de l’emmemner faire des examens. Une fois le bilan établi, nous l’avons emmemnée au Centre de Traitement Ebola où elle a été mise sous traitement. Je lui téléphonais chaque matin et chaque soir pour la sensibiliser et lui demander de garder son sang froid, de prendre ses médicaments et de bien manger. Dieu merci, après quelques semaines, elle a guéri.’’

‘’La sécurité du malade, de la famille et des gens en général est un élément vital pour la santé, explique Mohamed. Le soutien de nos amis nous a donné la force de prendre soin de notre fils et de notre belle fille. Nous l’avons mise en confiance en lui disant qu’on peut venir à bout de la peur et de la maladie. La confiance couplée au médicament peut assurer la guérison.’’

Un ami de Mohamed, Amadou Traoré, l’a soutenu dans cette douloureuse épreuve. ‘’La famille Diarra a été exemplaire pour ce qui est de la gestion de la maladie, de la gestion du risque et de la peur. Mohamed a créé les conditions nécessaires pour soutenir moralement sa famille. Savoir qu’il y’a un soutien moral c’est très important.’’

Mohamed reprend la parole. ‘’Tout vient du coeur et de l’esprit. Il ne faut pas paniquer. Nous avons compris la maladie et nous nous sommes impliqués. Notre manière de faire, de dire les choses, d’informer les gens et de gérer la situation a été déterminante dans la lutte que nous avons menée. 

Issa, Mohamed, Amadou et Idrissa se disent soulagés depuis l’annonce de la fin de l’épidémie et se félicitent des mesures qu’ils ont prises. ‘’Si on s'était laissé guider par la peur, celle-ci aurait pu occasionner plus de décès dans ma famille’’, précise Mohamed.

‘’Le souhait de tous ceux qui sont dans une pirogue est d'arriver à bon port. La maladie est l'affaire de tous. Si tu restes indifférent tu seras concerné d'une manière ou d'une autre. Je suis content de savoir que c'est la fin de l'épidémie. Et je souhaite qu'il en soit ainsi ailleurs’’, conclut Mohamed.

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